Cathédrales gothiques, Paris, Bourges, Lyon, Amiens

 

Cathédrale Sainte Croix d'Orléans

Flèche, toiture, arcs-boutants

 

 

Cathédrale à l'histoire tourmentée, Sainte Croix d'Orléans reflète dans sa chaire les déchirures des hommes comme leur confiance en l'avenir.

Il ne reste presque rien de l'édifice gothique qui fit suite à l'édifice roman. La façade actuelle date du XVIIIème siècle. La flêche est reconstruite au milieu du XIXème.

 

 

Cathédrale d'Orléans, vue des tours et de la flèche

Cathédrale d'Orléans et sa flèche à la croisée des transepts.

 

Le chemin de circulation dans les chenaux des grands combles nous conduit à l'intérieur de la toiture et à la flèche. Une forêt d'arcs-boutants coiffés de pinacles se dévoile. Modernes pour la plupart ils sont similaires à leurs ainés et accomplissent le même travail : empêcher l'ouverture des murs dûe à la formidable poussée des croisées d'ogives. Les habiles constructeurs médiévaux évident le dos des arcs-boutants pour les transformer en chenaux. Ainsi l'eau de pluie est évacuée jusqu'à la gargouille qui les prolonge.

 

 

Arcs boutants de la cathédrale d'Orléans

Cathédrale Sainte Croix d'Orléans, la forêt des arcs-boutants.

 

En 1512 un clocher surmonte la croisée des transepts. En 1568, lors des guerres de religion, des protestants provoquent l'effondrement des piliers de la croisée du transept. La cathédrale est reconstruite. En 1622 elle est coiffée d'une flèche. Menaçant de s'effondrer, elle est démolie en 1691. Entre 1708 et 1723 une nouvelle flèche est élevée. Penchant dangereusement, elle est détruite en 1854.

En 1858 une quatrième flèche est érigée. L'architecte Emile Boeswilwald (1815-1896) opte pour le style néo-gothique, comme l'architecte Viollet-le-Duc avec la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris en 1859.

 

 

Cathédrale Sainte croix d'Orléans, sa flêche refaite par l'architecte Emile Boeswilwald

Cathédrale Sainte Croix d'orléans, magnifique flêche à deux étages de l'architecte Emile Boeswilwald, érigée en 1858.

 

Rentrons dans le grand comble, immense volume formé par une multitude de poutres de chêne. L'ensemble est recouvert par la toiture, constituée de dizaines de tonnes d'ardoises en recouvrement les unes des autres. L'étanchéité est ainsi absolue, condition indispensable à la survie du bâtiment. Nous retrouvons la même disposition de poutres que dans les cathédrales d'Amiens et de Bourges

 

 

Cathédrale Sainte Croix d'Orléans, le grand comble sous la toiture

Cathédrale Sainte Croix d'Orléans, le grand comble, sous les toits.

 

Nous arrivons au coeur des combles, à la croisée des transepts. Là, une merveille nous attend : une plaque commémore l'achèvement en 1858 de l'édification de la flèche, vissée dans le pilier central. Cette flèche précède d'un an celle de la cathédrale Notre-Dame de Paris, édifiée par Viollet-le-duc. Comme sa soeur aînée d'Orléans, la flèche de Paris portera une plaque de compagnonnage, quasi identique, hormis l'année portée et le nom de l'architecte.

 

 

Cathédrale Sainte Croix d'Orléans, plaque de compagnonage au pignon de la flêche.

Cathédrale Sainte Croix d'Orléans, plaque de compagnonnage fixée sur le pignon de la flêche.

 

Dans la pénombre absolue, impression que ne rendent pas ici les photos largement surexposées, se devine - plus qu'elle ne se voit - la plaque de compagnonnage. Elle commémore l'achèvement de l'édification de la flêche, en 1858. Seule une étoile à cinq branches se distingue, dans le haut de l'inscription. Approchons-nous.

 

 

Cathédrale Sainte Croix, plaque du compagnonnage. Monsieur Georges est le gâcheur

Cathédrale Sainte Croix d'orléans. Plaque du compagnonnage posée en 1858.

 

Hélas, nous découvrons avec tristesse une horrible corrosion de la plaque qui rend le texte quasiment illisible. Est-elle dûe à une action de l'eau, comme de la pluie qui serait tombée pendant des années sur la plaque, suite à un défaut d'étanchéité de la toiture à cet endroit ? Cette hypothèse est peu plausible. Le pignon de bois où elle est fixée ne montre aucune trace de pourissement lié à une humidité excessive et prolongée. La plaque semble comme grignotée, mangée, de manière uniforme. La morsure semble davantage être celle d'un acide. Y aurait-il eu à un moment une volonté de rendre indéchiffrable la plaque censée commémorer l'achèvement des travaux de la flêche, sous l'égide du compagnonnage ?

 

 

Cathédrale Sainte Croix à Orléans. Plaque du compagnonnage.

Plaque de compagnonnage fixée au pignon de la flêche de la cathédrale Sainte Croix d'orléans.

 

 

Quelques lettres se déchiffrent cependant sans trop de peine. Elles figurent, retracées en rouge sur la photo ci-dessus :

"CE(T)TE   FLECHE

ARCHITECT...     BELLU

GEORGE   (E)TANT     ...

(COM)PAGNON   ... LIBERTE"

 

Le haut de la plaque porte, identifiable, l'étoile à cinq branches, pointe en haut. Elle représente l'Homme debout, Pentagone généré par le nombre d'or, circonscrit dans le cercle du Monde.

En bas de la plaque l'équerre et le compas, croisés en double X, signent l'appartenance et le savoir-faire compagnonnique de ce travail de charpente et de plomb.

Heureusement, grâce au travail de M. Maurice Duvanel, expert en flèche, couverture et charpente, un relevé a été fait des inscriptions. Vous le découvrez ci-dessous, juxtaposé à celui de la seconde plaque compagnonnique, posée à la cathédrale Notre-dame de Paris, un an plus tard.

 

Relevé des plaques commémoratives des cathédrales Notre-Dame de Paris et Sainte Croix d'Orléans par M. Maurice Duvanel, expert en charpente et flêche.

Cathédrale Notre Dame de Paris et cathédrale Sainte Croix d'Orléans, les deux flêches.

Cathédrales Notre-Dame de Paris et Sainte Croix d'Orléans. Les deux flêches.

 

Outre le millésime et le nom de l'architecte figurent d'autres précieuses indications. Nous apprenons que M. Georges est le gâcheur du chantier. De plus il est Compagnon charpentier du Devoir de Liberté.

Qu'est-ce qu'un gâcheur ?

Que signifie ce terme ? Le gacheur, en charpenterie, participe à l'élaboration des plans, au relevé des mesures, au choix des matériaux à mettre en oeuvre. C'est le second du chantier, après l'architecte. Raoul Vergez, compagnon charpentier du Devoir de Liberté, écrit dans le numéro 209 de la revue "Atlantis", fin 1961 : "En 1859 Georges l'Angevin réalisa sa troisième flèche à (la cathédrale) Sainte-Croix d'Orléans ... le grand architecte (Viollet-le-Duc) le fit décorer de la légion d'honneur, ce qui était peu à mes yeux, en comparaison d'une récompense que les "Indiens" lui offrirent en témoignage d'admiration : Le compas d'argent."

M. Maurice Duvanel, expert en charpente et flêche de nos cathédrales et auteur de plusieurs ouvrages, apporte des précisions et corrige des erreurs. M Georges ne fut pas décoré de la légion d'honneur. Né en 1812 à Angers, il est reçu compagnon à 18 ans sous le nom Angevin l'enfant du Génie, puis "compagnon fini" le 29 mars 1837. Il décède en 1887.

 

 

 

CathedraleOrleansFleche2.JPG (245942 octets)

 

 

 

Cathedrale_Orleans_4.jpg (205711 octets)

 

 

 

CathedraleOrleansFleche3.JPG (312205 octets)

 

 

 

CathedraleOrleansFleche7.JPG (227598 octets)

 

 

 

CathedraleOrleansFleche8.JPG (240795 octets)

 

 

CathedraleOrleansFlech98.JPG (193371 octets)

 

 

 

 

CathedraleOrleansFleche4.JPG (212836 octets)

 

 

 

CathedraleOrleansFleche5.JPG (271183 octets)

 

 

 

 

CathedraleOrleansFleche6.JPG (241079 octets)

 

 

 

 

 

 

 

Retour à la page précédente

Cathédrales gothiques, Paris, Bourges, Lyon, Amiens

 

Un commentaire, une réaction ? Alors écrivez-moi ou laissez un tweet à @ijnuhbes