Cathédrale Notre-Dame de Paris

Sa rosace ouest de nuit et son tympan roman à redécouvrir

La cathédrale Notre-Dame de Paris, de dimension moyenne, est l'archétype des cathédrales. Elle est constituée de tout ce qui fait une cathédrale : deux tours sur la façade ouest, une rosace en son centre, trois porches au sol. Viennent derrière une longue nef, des transepts, une croisée des transepts surmontée d'une flèche. A l'est une abside et ses absidioles terminent l'édifice. Sur les flancs extérieurs de la cathédrale de gracieux et téméraires arcs-boutants signent la note gothique de ce bâtiment de référence.

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Cathédrale Notre Dame de Paris, façade ouest vue le soir

Et pourtant !

L'oeil qui prend le temps de scruter la pierre note que le tympan du portail de droite est d'une facture antérieure. La cathédrale Notre Dame de Paris, alors romane aux XIe et XIIe siècle, ne peut sans doute plus absorber l'accroissement de la population dans ses murs trop étroits. La nouvelle cathédrale gothique se construit, sous l'égide de l'évêque Maurice de Sully (évêque de 1160 à 1196). Elle garde comme semence et en respect du savoir-faire de ses pères le magnifique tympan roman de la Vierge Marie, replacé à droite au portail Saint Marcel, lors de l'achèvement de la façade ouest gothique, entre 1200 et 1210.

Aujourd'hui l'historien de l'art évoque simplement un réemploi. N'omettons pas l'aspect symbolique qu'il constitue, chaîne d'or reliant les hommes au travers du temps.

Réemploi du tympan roman de la précédente cathédrale dans la nouvelle façade gothique.

La vue rapprochée ci-dessous permet de mieux se rendre compte de la facture complètement romane de cette statue. Le dôme qui couronne le dai sous lequel est la statue nous transporte à Sainte Sophie, à Constantinople. Les petites tuiles canales sont nettement visibles. Remarquez le plissement en aplat des tissus, comme à Chartres sur les statues colonnes romanes de la façade ouest. Observez également l'auréole de la Vierge, dont le pourtour est constellé de petits trous. Elle était assurément peinte, peut-être en rouge, ou bien revêtue de feuille d'or, comme l'auréole romane - réemployée - derrière la tête du Christ en majesté du portail central, à côté. Dans les petits trous, en périphérie, des perles de verre colorées étaient enchâssées. L'ensemble coloré devait être éblouissant.

Cathédrale Notre-Dame de Paris. Vierge à l'enfant, de style roman, de la façade ouest.

Cathédrale Notre-Dame de Paris et cathédrale Notre-Dame de Chartres. Vierge à l'enfant, de la façade ouest.

Le montage photographique ci-dessus rapproche les deux Vierges à l'Enfant de la façade ouest des cathédrales de Chartres et Paris. Le calcaire de Chartres, moins dur, est plus érodé. la Vierge de Paris, mieux conservée, présente cependant quelques éléments rajoutés en restauration (main droite de l'enfant Jésus, main gauche de la Vierge, sommet de sa couronne)

Prenez le temps de les comparer et cherchez des différences... Ces deux Vierges à l'Enfant sont étonnantes de similitude. Le vitrail roman de la cathédrale de Chartres de la Vierge à l'Enfant, sur la façade ouest, est aussi similaire. Il nous offre en plus la coloration, que le calcaire devait avoir aussi à cette époque. Pour en voir plus, cliquez sur la photo ci dessous.

Cathédrale de Chartres, vitrail de la Vierge à l'enfant

Le dôme de Sainte Sophie de Constantinople couronne la tête de la Vierge Marie. Une immense croix devait prolonger son sommet. Le sculpteur déporte ici cette   croix sur le front du dôme, suite aux contraintes de taille imposée par le tympan. Sous les rangées de tuiles canales des fenêtres sont ménagées, permettant l'éclairage à l'intérieur du dôme de Sainte Sophie.

Dôme du dai de la Vierge Marie, tympan sud de la façade ouest. Cathédrale Notre Dame de Paris

A Notre-Dame de Paris, imaginons cette réplique entièrement colorée. Dans les trous doubles circulaires séparant les fenêtres géminées des verres de couleur devaient aviver l'impression de richesse et de solennité.

Cette sculpture romane remonte sans doute aux environs des années 1100-1150. En 1204 les latins, lors de la IVe croisade, conquièrent Constantinople, la dévastent, la mettent à sac (les soldats se payent en mettant "dans leur sac" ce qu'ils trouvent) et l'occupent plus de cinquante ans.

Photomontage du dôme de Sainte Sophie d'Istanbul posé sur le dai du tympan. Cathédrale Notre Dame de Paris

Dôme de l'église Sainte Sophie de Constantinople, plusieurs fois détruits suite aux tremblements de terre.

Ce dôme de Constantinople est lui-même un rappel et un hommage au dôme du Panthéon de Rome. C'est surtout un signe politique fort : le nouveau Panthéon est maintenant à Constantinople, le nouvel empire, l'empire chrétien d'Orient.

Cette idée est si forte qu'elle sera reprise en 1793 pour magnifier la capitale du nouveau monde et de son futur empire. Washington aura son Capitole muni d'un dôme.

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