Cathédrale Notre Dame de Paris

Vitraux de la rose ouest

Vices et vertus, les six suivants

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris, rose ouest. Vitrail des vices et vertus

Rose ouest de la cathédrale Notre Dame de Paris, partie supérieure.

 

 

Septième couple, patience et impatience.

 

Cathédrale Notre Dame de Paris, rosace ouest, vitrail de la patience

Cathédrale Notre Dame de Paris, rose ouest, vitrail du boeuf.

 

Le médaillon de notre septième vertu présente un boeuf.

Cet animal offre docilement sa force physique à l'homme. Zélé aux labeurs des champs, il endure toute peine paisiblement. A ce titre il est l'emblème du calme, de la patience.

 

Rose ouest de Notre Dame de Paris, vitrail de la patience

Rose ouest de Notre Dame de Paris, vitrail de la patience

 

A l'opposé, sur le vitrail du vice, un jeune homme sort son épée de son fourreau et pointe la lame vers le visage d'un homme barbu, plus âgé. La colère l'étreint. L'autre homme, assis, tient de sa main gauche un livre fermé, serré contre lui. Une capuche recouvre sa tête.

Visiblement en désaccord avec l'homme assis, symbolisant la sagesse contenue dans le livre, le jeune homme se conduit avec agressivité. Il ne maîtrise pas sa violence, ayant la "tête près du bonnet", comme le dit le proverbe qui semble mis en image. En effet, le jeune homme porte un linge noué sur sa tête, en guise de bonnet.

 

Rose ouest de Notre Dame de Paris, vitrail de l'impatience

Rosace ouest de Notre Dame de Paris, vitrail de l'impatience

 

La vertu de la patience, en opposition au vice de l'impatience, passe pour  une platitude éternellement rabâchée.

Et pourtant, la personne impatiente et tumultueuse, volcanique avec les autres, l'est d'abord avec elle-même. L'enjeu pour elle est de conquérir sa propre paix intérieure, d'apaiser les flots tumultueux qui la submergent, le faisant dégainer son épée comme un stupide personnage.

La mise en oeuvre des vertus rencontrées précédemment dans la rose ouest de Notre Dame de Paris permettent de gagner ce combat intérieur.

 

 

Vitrail de la cathédrale Notre Dame de Paris

 

 

Huitième couple, espérance et désespoir.

 

Cathédrale Notre Dame de Paris, rose ouest, vitrail de l'espérance

Cathédrale Notre Dame de Paris, rose ouest, vitrail de l'espérance

 

Voici la vertu de l'espérance, la troisième vertu théologale de la foi chrétienne, qui suit la charité et la foi vues au quatrième et sixième et lobe de la rose ouest.

Sans l'espérance, vertu toute en finesse et discrétion, nous ne poserions pas le pied par terre le matin en nous levant. Chaque jour nous souhaitons intimement que quelque chose de nouveau arrive.

 

Cathédrale Notre Dame de Paris, rose ouest. détail du vitrail de l'espérance

Cathédrale Notre Dame de Paris, rose ouest. Détail du vitrail de l'espérance

 

L'espérance est symbolisée par un oriflamme qui claque au vent, attaché à une hampe terminée en double croix. Au moyen-âge l'oriflamme, ou drapeau, porte le blason du seigneur sous lequel on se regroupe et que l'on suit au champ de bataille. La hampe terminée en double croix indique clairement que le seigneur à suivre est Jésus Christ. La bannière de couleur blanche claque au vent, elle conduit vers la lumière, la pureté, la légèreté, seule véritable espérance pour le chrétien.

L'espérance, cette vertu théologale, change notre vision des jours anodins et routiniers. La lumière est à trouver dans ceux-ci, il n'y a pas à attendre de grand jour.

 

Autrement, si demain est comme hier, sans espoir de changement, à quoi bon cette vie ?

 

Cathédrale Notre Dame de Paris, rose ouest. Vitrail du suicide

Cathédrale Notre Dame de Paris, rose ouest. Vitrail du suicide

 

Le vice du désespoir donne une réponse terrifiante : un homme échevelé se donne la mort. De sa main droite il se passe lui-même au fil de l'épée, figurée avec une longueur démesurée.

Il se suicide.

Le sang jaillit et s'écoule de ses entrailles, en deux flots qui ruissellent le long de la lame de l'épée.

Le maître verrier rend admirablement les traits du visage. Les yeux se plissent sous l'effet de la douleur, révêlant son désespoir absolu.

Rosace ouest, vitrail du suicide. Détail du visage de l'homme

Vitrail du suicide, détail du visage de l'homme

Le désespoir de cet homme qui se tue ne s'arrête pas là. Il nous éclabousse. Qu'a-t-on fait pour qu'il ne fasse pas ce geste. Il y a une responsabilité collective, plus ou moins évidente, à assumer.

La vertu théologale de la charité ou du don à l'autre, au quatrième lobe de la rose, appliquée à cet homme l'aurait sauvé de son désespoir et de son acte terrifiant.

 

 

Vitrail de la cathédrale Notre Dame de Paris

 

 

Neuvième couple, gentillesse et méchanceté.

 

Rosace ouest de Notre Dame de Paris, vitrail de l'agneau

Rosace ouest de Notre Dame de Paris, vitrail de l'agneau

 

La femme couronnée tient dans son écu un agneau, dont les deux petites cornes naissantes sont bien visibles. L'agneau est l'archétype de la douceur, de la pureté. Il est surtout la victime immolée, comme le Christ. Cette idée se retrouve dans le langage courant "doux comme un agneau". Jésus-Christ se veut le "gardien de ses brebis" (mères des agneaux), ainsi que le bon berger de son troupeau.

 

Ravenne (Italie) Mausolé de Galla Placidia

Ravenne (Italie), mosaïque du mausolée de Galla Placidia (390-450+), Jésus le bon pasteur de ses agneaux.

 

L'agneau est aussi, dans sa faiblesse et sa pureté, le seul à être capable, à la fin des Temps, lors de l'Apocalypse, d'ouvrir le Livre scellé aux sept sceaux. C'est l'agneau aux sept yeux et sept cornes. L'agneau permet l'ouverture du Livre fermé aux autres.

 

Sainte chapelle de Paris, la rosace ouest et l'agneau de l'Apocalypse

Sainte Chapelle de Paris, la rose ouest, XVe. Agneau de l'Apocalypse entouré des quatre Vivants et du Livre ouvert.

 

Rosace ouest de Notre Dame de Paris, vitrail de l'agneau. Détail

Rosace ouest de Notre Dame de Paris, vitrail de l'agneau. Détail

 

Notre agneau, symbole de la douceur et de la pureté, est la victime innocente désignée pour l'holocauste. Cette faiblesse est une force, la seule capable d'ouvrir le Livre de la fin des Temps.

 

Rosace ouest de Notre Dame de Paris, vitrail de la méchanceté

Rosace ouest de Notre Dame de Paris, vitrail de la méchanceté

 

A l'opposé, le vice de la méchanceté est symbolisé par une bourgeoise assise, maîtresse de maison, qui maltraite son serviteur.

Celui-ci s'agenouille, par déférence, pour lui présenter une coupe fermée d'un couvercle. Dans un mouvement de mauvaise humeur la femme met un violent coup de pied dans la poitrine du serviteur surpris. Il tombe à la renverse, le couvercle vacille, le contenu va se renverser. Dans un geste de protection le serviteur protège sa chute avec son bras gauche.

La méchanceté est le cancer du coeur. A la pesée de l'âme, seule le coeur est pesé, c'est-à-dire les pensées, actions ou sentiments nourris par le coeur, selon le symbolisme antique. Pour les chrétiens, le coeur n'est-il pas le siège de l'âme ? Comment faudrait-il comprendre autrement le culte récent au coeur sacré de Jésus, au XIXe ?

La douceur et la gentillesse sont une écoute de l'autre, la méchanceté son rejet. Légèreté d'un côté, lourdeur de l'autre, comme l'enseignait la première vertu.

 

 

Vitrail de la cathédrale Notre Dame de Paris

 

 

Dixième couple, concorde et discorde, colère et paix.

 

Rosace ouest de Notre Dame de Paris, vitrail de la paix

Rosace ouest de Notre Dame de Paris, vitrail de la concorde

 

Cette dixième vertu porte un médaillon où un arbuste se contorsionne, manquant de place. L'identification n'est pas aisée. L'architecte restaurateur de la cathédrale Notre Dame de Paris, Viollet le duc, décrit dans son ouvrage "Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe auXVIe siècle", ce médaillon comme de l'olivier. C'est conforme à l'aspect des feuilles, mais pas de la ramure.

Ce symbole de la paix, l'olivier, est à sa place ici, face au médaillon de la discorde, où deux personnes se battent.

 

Rosace ouest de Notre Dame de Paris, vitrail de la paix. Détail

Rosace ouest de Notre Dame de Paris, vitrail de la concorde. Détail

 

Face à la concorde et l'olivier, le vice de la discorde est mis en scène par un couple, homme et femme, qui en viennent aux mains. La femme enserre le cou de son mari de ses deux mains. Celui-ci la maintient également de son bras gauche et s'apprête à la gifler de sa main droite.

 

Rosace ouest de Notre Dame de Paris, vitrail de la discorde

Rosace ouest de Notre Dame de Paris, vitrail de la discorde

 

A leurs pieds gîsent les objets de la discorde : un pot et une coupe. L'homme s'est-il enivré ? Sa femme a rangé son ouvrage, la confection d'un fil de laine à l'aide de la quenouille et du fuseau, posés en bas à droite du vitrail, avant d'interpeller son mari. Hélas, le pugilat commence, dû à l'irascibilité du mari et sans doute l'enivrement.

La colère, dont la racine grecque signifie "la bile", est une incapacité à gérer sa bile, ses humeurs. A la différence de la méchanceté qui est un état d'être permanent, la colère est un état éphémère, où la personne ne s'appartient plus, victime d'une humeur qui le submerge, d'un tsunami intérieur.

 

 

Vitrail de la cathédrale Notre Dame de Paris

 

 

Onzième couple, tempérance et intempérance, sobriété et excès

 

Rose ouest de la cathédrale Notre Dame de Paris, vitrail du dromadaire

Rose ouest de la cathédrale Notre Dame de Paris, vitrail du dromadaire

La tempérance est une des quatre vertus cardinales, avec la justice, la force et la prudence. Elle est étonnement symbolisée par un dromadaire au repos. Ses genoux avants et arrières, à l'étroit dans le médaillon, dépassent du cadre.

Pourquoi peindre un animal du moyen-orient, un dromadaire, sur un vitrail d'une cathédrale d'Ile-de-France ? Quelle bizarrerie, mais félicitations au maître verrier pour l'exactitude de trait du dromadaire. S'est-il rendu au moyen-orient ?

 

Rose ouest de la cathédrale Notre Dame de Paris, vitrail du dromadaire. Détail

Rose ouest de la cathédrale Notre Dame de Paris, vitrail du dromadaire. Détail

Le dromadaire est le symbole de l'économie, de la sobriété, autres mots pour décrire la tempérance.

En effet, grace à sa poche dorsale où il emmagasine l'eau nécessaire, le dromadaire peut parcourir de longues distances en pleine chaleur. Il est surnommé le "vaisseau du désert".

A l'opposé, le vice lui répondant montre une joute verbale, stérile, interminable. Un évêque et un juif, reconnaissable au bonnet jaune qui lui est imposé par le pouvoir royal, se haranguent, levant la main. L'évêque tient dans sa main gauche un calame, roseau taillé permetant d'écrire. Point de méchanceté semble-t-il entre ces deux hommes, mais des propos sans fin qui finissent par les discréditer. Vingt volumes de théologie sur l'Amour de Dieu ne valent pas une seule bonne action.

 

Cathédrale Notre Dame de Paris, rosace ouest, vitrail de l'intempérance

Cathédrale Notre Dame de Paris, rose ouest, vitrail de l'intempérance

Tel est le message du dromadaire, sobre, calme et au repos. Il ne s'agite pas en vain, comme ces deux hommes. Notons au passage la pointe contre notre homme d'église, située ici même dans la cathédrale Notre Dame de Paris.

Tempérance contre intempérance !

Cette pointe contre notre évêque témoigne aussi, il faut le décrypter, d'un épisode dramatique : la spoliation complète des juifs puis leur expulsion de France qui est alors imminente ! De quoi  s'agit-il ?

En 1233 le "Le livre des égarés" de Maïmonide, philosophe juif contestataire né en 1135 à Cordoue, est brûlé en place publique à la demande d'un rabbin de Montpellier auprès des Dominicains. Son oeuvre professe le doute matérialiste face aux "fables allégoriques" du Talmud, le livre sacré des juifs, ainsi que certains aspects de l'Islam dont il a été très proche plusieurs années. Médecin personnel de Saladin au Caire, il eût une vie incroyable. Son oeuvre a influencé d'innombrables penseurs, dont St Thomas d'Aquin.

Cet événement en préfigure un autre : en 1238 Nicolas Donin, lettré juif converti au christianisme dénonce auprès du pape la dangerosité théologique du Talmud. Celui-ci demande aux rois de France, d'Espagne (Castille et Aragon) et d'Angleterre d'enquêter. Seul le roi de France obéit (voir lien), Louis IX, nommé Saint-Louis (1214- +1270), âgé alors de 24 ans, sous influence de sa mère Blanche-de-Castille, fait saisir tous les Talmud. S'ensuit une fameuse controverse : "La controverse du Talmud" où pendant trois jours débattèrent à égalité et librement des rabbins et des hommes d'église réputés. La sentence est rendue deux ans plus tard, le 24 juin 1242 : 24 charettes remplies de Talmud et autres livres sacrés des juifs furent brûlés dans un gigantesque autodafé en place de grève (actuelle place de l'hôtel de ville) à Paris.

Le pire arrive en 1254 : les biens des juifs sont confisqués puis ils sont expulsés de France par Saint-Louis. Leurs ancètres avaient déja été dépouillés et expulsés par le roi Philippe-Auguste (1165- +1223), son grand-père, en 1182 !

Voici le contexte dramatique de ce vitrail où discutent, pour ne pas dire "se disputent" notre évêque et notre rabbin au chapeau jaune pointu, son attribut vestimentaire. Il nous permet aussi de proposer une date pour cet ensemble iconographique complet de la rose : après la "controverse du Talmud" et avant l'autodafé, soit fin 1240 ou 1241. Dans le médaillon la dispute n'est conclue ni dans un sens, ni dans l'autre, quoique de manière prophétique le rabbin sort déja du médaillon, comme quittant la scène. L'évêque, lui, reste statique, bien droit, planté de manière stable sur ses jambes. L'évêque en titre alors est Guillaume d'Auvergne (1228- +1248). Cette date correspond à la fourchette donnée par les historiens de l'art pour l'édification du premier étage de la façade ouest de la cathédrale Notre-Dame de Paris (1).

Apprécions aussi que la vertu opposée "la tempérance" soit représentée par un dromadaire, animal d'Egypte où vivait notre philosophe né à Cordoue, Maïmonide. Sagesse d'Orient contre déraison d'Occident ? Il est permis de voir cet ultime clin d'oeil !

(1) Dany Sandron "Le projet du XIIe siècle" in "Notre-Dame de Paris", collection "La grâce d'une cathédrale", p.67, Edition "Nuée bleue" 2012.




 

Vitrail de la cathédrale Notre Dame de Paris

 

 

Douzième couple, force et faiblesse, courage et lâcheté

 

Cathédrale Notre Dame de Paris, rose ouest. Vitrail de la force

Cathédrale Notre Dame de Paris, rose ouest. Vitrail de la force

Les vices et les vertus de la rose ouest de Notre Dame de Paris se clôturent par la force et la faiblesse, mises en images encore une fois de manière simple et touchante.

Notre vertu présente la force la plus forte, aux yeux de l'homme médiéval, la force du taureau. Seule sa tête est représentée, de face. Il est prêt à charger. Aujourd'hui encore, le taureau, lorsqu'il est au champ avec son troupeau, est responsable de décès de promeneurs imprudents qui traversent son domaine. Il les charge, les piétine, les encorne. "Souffler comme un taureau" reste une expression liée à la force de cette bête que les citadins méconnaissent.

Le taureau, incarnant la force brute, voire le mal, est très ancienne. Le pharaon, pour vaincre le mal, doit rituellement tuer le taureau sauvage dans les marais, figure de Seth, du démon. Il est ainsi figuré au revers du premier pylone du temple de Medinet Habou, à Louqsor, en Egypte.

 

Egypte, temple de Medinet Habou. pharaon chasse le taureau sauvage

Egypte, temple de Medinet Habou. Pharaon chasse le taureau sauvage caché dans les marais.

Cette vertu de la force comme du courage nous fait comprendre que face à la force du taureau l'homme doit avoir la force de son courage, pour le combattre. L'homme doit affronter le taureau, c'est pourquoi le médaillon le présente de face. Il a besoin de cette vertu, le courage. Son opposé, le couard, en est dépourvu.

La vie de l'homme qui pérégrine est comme un labyrinthe (voir la page du labyrinthe sur ce site). C'est un chemin initiatique. Où qu'il aille l'homme aura toujours à combattre dans son instant présent son Minotaure. En effet, ce taureau sauvage de Crète, gardien du labyrinthe, est notre propre taureau sauvage en nous, un vrai monstre.

 

Cathédrale Notre Dame de Paris, rose ouest. Vitrail de la force, détail

Cathédrale Notre Dame de Paris, rose ouest. Vitrail de la force brute, détail.

 

Si le courage le quitte, si son coeur n'est pas assez fort, il tournera les talons devant l'événement extérieur, ou devant ses propres difficultés qu'il ne cherchera pas à surmonter.

 

Cathédrale Notre Dame de Paris, rose ouest. Vitrail de la faiblesse

Cathédrale Notre Dame de Paris, rose ouest. Vitrail de la faiblesse

 

Alors, rompant le combat qu'un coeur fort aurait mené au succès, il s'enfuit. Il est le lâche qui abandonne son épée devant le lièvre qui bondit sur lui.

Nous touchons là le génie de la mise en scène de ce vitrail, car notre lièvre, bête absolument craintive, ne peut faire de mal à notre couard. La figuration démesurée de ce lièvre par le maître verrier indique combien cet homme surestime ce danger.

Sa faiblesse vient de sa peur, une peur dont il n'a pas fait le tour, qu'il n'a pas regardée en face, comme le recommande la vertu opposée.


Cette mise en scène du lièvre gigantesque entraine une deuxième lecture en arrière-plan. J'émets là une hypothèse : le lièvre se dit en latin "lepus, leporis". Ce mot est proche du mot "lepra", la lèpre, fléau redouté venu d'orient suite aux croisades. Le lièvre représente alors la maladie terrible, dégradante physiquement au fil des années, obligeant la victime à partir dans un lazaret, maison commune à ces malheureux. Un rituel de mort à l'église précédait le départ final, signant la fin de cette personne au monde des vivants.

Alors notre homme fuit le lièvre, en réalité un frère humain contaminé montrant déja les signes de déchéance physique. Notre homme a peur d'être effleuré par le bras tendu du malade, notre lièvre bondissant vers lui pour demander de l'aide, nourriture ou autre. Il incarne donc la lâcheté. Le courage de prendre le taureau par les cornes l'aménerait au contraire à aider le malheureux, comme l'enseigne Jésus-Christ dans ses paraboles mises en scènes au moyen-âge par des manuscrits enluminés, des vitraux ... La plus réussie de ces mises en scène est le drôle de voyage des âmes du riche et du pauvre Lazare, lépreux, à leur mort concomitante. L'âme du riche va en Enfer et subit les tourments, l'âme du lépreux, Lazare, est emmenée par les anges au Paradis.

La présence étonnante du dromadaire, animal du moyen-orient, au couple vice/vertu précédant,  montre que le moyen-orient est rentré dans l'imaginaire des parisiens à cette époque. Aussi l'hypothèse du lièvre, image de la lèpre venue également du moyen-orient, est-elle vraisemblable. Le commanditaire du vitrail, l'évêque Maurice de Sully ou plus vraisemblablement son successeur, joue sur cette image du lièvre incarnant la couardise au premier niveau de lecture, mais aussi la terrible maladie, au deuxième niveau, permettant alors une véritable cathéchèse biblique.

 

 

Vitrail de la cathédrale Notre Dame de Paris

 

 

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